J ai l oeil, je n oublie à peu près rien, ce que j ai oublié, je l invente. J ai toujours fait ça, comme ça, c était mon rôle dans la famille, jusqu à la mort de la grand-mère Lucie, la vraie mort, la seconde. Elle ne voulait personne d autre pour lui raconter, elle disait qu avec moi elle voyait mieux qu avant son attaque. » Le Franprix de la rue du Rendez-vous, à Paris. Ils sont trois : une femme, qui regarde ; Gordana, une caissière ; et l homme encore jeune qui s obstine à passer en caisse 4, celle de Gordana, chaque vendredi matin. Cette femme qui regarde, Jeanne Santoire, est celle qui dit « je ». C est par elle que tout existe. Elle imagine, suppose, une vie, des vies, au présent, au futur et au passé, pour Gordana et pour l homme. Elle creuse aussi des galeries dans sa propre vie qu elle revisite et recompose. On apprendra qu elle est fille de commerçants de province, a eu une grandmère aveugle, a exercé le métier de comptable, a aimé un homme et que cet homme est parti. Nos vies, nouvel opus de Marie-Hélène Lafon, raconte les solitudes urbaines. Ce texte a comme point de départ une nouvelle, Gordana, publiée au Chemin de fer (2012). Depuis Le Soir du chien, son premier roman (2001), Marie-Hélène Lafon construit une oeuvre exigeante qui, livre après livre, séduit un large public.
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